Association Connaissance du Japon
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
Association Connaissance du Japon

Voici un forum qui vous permettra de mieux connaitre l'association connaissance japon où vous pourrez discuter de diverses choses abordant le japon.
 
AccueilPortailRechercherDernières imagesS'enregistrerConnexion
Le Deal du moment :
Display Star Wars Unlimited Ombres de la Galaxie : ...
Voir le deal

 

 la crise au japon

Aller en bas 
AuteurMessage
Invité
Invité




la crise au japon Empty
MessageSujet: la crise au japon   la crise au japon EmptySam 2 Mai - 14:51

Japon: les raisons de la crise.


Interview de Motohisa Furukawa, député et expert économique du Parti démocratique du Japon.







Le Japon s’enfonce. Le gouvernement prédit une contraction de 3% du PNB en 2009. Le FMI redoute une croissance négative deux fois plus grave. Le chômage reste faible (4.1%). Le nombre de sans-emploi apparaît modéré. Mais c’est pour plusieurs raisons ; une est démographique. Depuis 2005, la population japonaise diminue à cause d’un taux de natalité qui ne permet pas le renouvellement des générations. L’autre raison est statistique : un bon nombre de demandeurs d’emplois, en particulier les temporaires, échappe au recensement.



Le nombre des sans emplois devrait augmenter rapidement. La majorité des grands groupes annoncent des pertes records, et en conséquence des licenciements massifs. Ce n’est plus seulement les intérimaires (un tiers des salariés) qui sont touchés. Toyota, dans le rouge pour la première fois depuis 1951, envisage sérieusement si la situation perdure de réduire son personnel fixe. Ce serait un premier pour ce groupe qui a élevé l’emploi à vie en dogme.



Le Japon est touché par la chute de la demande mondiale. Ses exportations sont en chute libre (- 48% pour l’année 2008). Mais le « choc des subprimes américains » comme la presse japonaise a surnommé la crise, frappe une économie fragilisée par une « décennie perdue », la stagnation qu’elle connaît depuis l’éclatement de la « bulle » en 1992.



Depuis 1992, le gouvernement s’est lancé dans une politique d’offre, d’investissements publics dans les infrastructures accompagnés de baisses importantes de l’impôt direct dont ont bénéficié les contribuables les plus riches. Cette politique est suicidaire pour les finances publiques. De 85% du PNB en 1992, la dette publique déjà très lourde, atteint aujourd’hui le seuil insupportable de 180% du PNB. Pour relancer la machine, le gouvernement a tricoté un nouveau plan de relance (2% du PIB) basé sur les grands travaux. Cet argent public limitera la casse sans doute à court terme. A sur la durée cette décision, dans la continuité des injections massifs des quinze derniers années pousse l’Etat japonais vers la banqueroute.



Pour comprendre pourquoi le Japon, présenté il y a vingt ans comme un modèle vertueux, a pu tomber si bas, et quelle sortie est envisageable, nous avons interrogé
http://www2.furukawa.cc/ENGLISH/profile.html target="_blank">Motohisa Furukawa
, député et expert économique du Parti démocratique du Japon (opposition centriste).



Q. : Quelles sont les raisons de cette « décennie perdue » qui dure depuis 1992 ?



La première raison a été l’incapacité à reconnaître la gravité de la situation et à analyser correctement ses causes dès le début. Le second problème est qu’il n’y a pas eu de vision claire, ou plutôt je devrais dire, de direction pour chercher à une sortie. Enfin, il y a l’inertie. En 1992 le gouvernement japonais a parié sur une reprise rapide, un retour rapide de la croissance. Cet excès d’optimisme a retardé la mise en place des politiques adaptées.



Motohisa Furukawa, député du Parti démocrate japonais pourrait devenir ministre des finances de son pays si le PDJ remporte les législatives prévues cette année.





Q. : Quelles leçons peut-on tirer de l’expérience japonaise ? Et sont-elles applicables à la crise mondiale d’aujourd’hui ?



Aujourd’hui, chaque pays est en train de dépenser les impôts de demain. Dans l’immédiat, il est impératif d’avoir des plans de relance et il est inévitable de creuser les déficits budgétaires. Mais nous sommes en train d’injecter toujours plus d’argent dans le système. Si nous n’y prenons gare, cet argent peut créer une bulle encore plus sérieuse. Le dollar ou l’euro pourraient s’effondrer. Dans ce cas-là, nous serions entraînés dans une dépression mondiale. Nous devons trouver un moyen de gérer la création de monnaie actuelle par les Etats. Je partage les inquiétudes de certains Européens qui parlent de discipline fiscale.



Le cas du Japon montre qu’il est impératif d’élaborer très tôt une stratégie de sortie. Nous ne l’avons pas fait au Japon. Sans cette vision, il est très dangereux de continuer à injecter de l’argent public comme le Japon le fait depuis 1992.



Q. : Que propose le PDJ ?



Il y a trente ans nous étions un pays jeune. Mais depuis, la population vieillit très rapidement, et pire, elle diminue. L’ensemble des pays développés connaît ce défi. Mais le Japon est sur la ligne de front parce que c’est chez nous où ce processus est le plus soudain. Mais jusqu’à présent, les gouvernements successifs se sont contentés d’essayer de faire perdurer le système tel qu’il est, sans songer à le réformer.



Par exemple notre système de retraite a été mis en place à cette époque où les « baby boomers » commençaient à peine à travailler et où la croissance restait élevée. Mais depuis vingt ans, ce n’est plus le cas et nous sommes prisonniers d’un cercle infernal. Plus les déficits publics se creusent et plus les ménages épargnent. Ils voient très bien que l’Etat ne peut plus à garantir leurs retraites à cause de ses déficits. Ce que nous au PDJ proposons est de réformer le système de protection social en profondeur pour l’améliorer et l’étendre. Ce n’est que lorsque les Japonais seront rassurés pour leur avenir personnel, qu’ils auront la garanti de conserver un revenu une fois vieux, qu’ils seront pris en charge s’ils sont malades, et que lorsqu’ils ont des enfants que les frais d’éducation de leurs enfants sera assumée par l’état et non par eux comme aujourd’hui que nous sortirons du cercle vicieux dont je parlais et qui interdit toute reprise économique.



Q. : Mais une bonne protection sociale impose une augmentation de la fiscalité. Peut-on augmenter les impôts dans une phase de non croissance, ou de récession sans aggraver la crise ?



La fiscalité repose sur l’impôt sur le revenu et les sociétés. Ce n’est pas propre au Japon. En principe, un gouvernement est libre d’augmenter les impôts. Mais dans les faits, à cause de la mondialisation, les sociétés, et même les personnes peuvent, se délocaliser dans un paradis fiscal et il devient plus difficile de percevoir l’impôt direct. En revanche, nous conservons le contrôle des impôts indirects, comme ce qu’on appelle au Japon la taxe sur la consommation, et qui est similaire à votre TVA.



Q. : Mais ce genre de décision à un coût politique. Tous les gouvernements japonais qui dans le passé ont tenté de relever le taux de la TVA, aujourd’hui à 5%, l’ont payé très cher électoralement. Comment le PDJ peut-il éviter d’être sanctionné par l’opinion s’il remonte ce taux d’imposition ?




Nous devons persuader l’opinion que cette taxe servira à intégralement à la protection sociale, et non le fonctionnement de l’Etat ou les salaires des fonctionnaires. C’est à cette condition que les gens accepteront une augmentation la taxe à la consommation.



Q. : Une des caractéristiques de l’économie japonaise est à une demande des ménages faible et une dépendance importante envers les exportations, les deux allant traditionnellement ensemble...



Nous sommes beaucoup plus vulnérables que la zone euro parce que nous dépendons trop des exportations. En même temps, de nombreux secteurs de notre économie comme l’agriculture, la santé ou le tourisme ne sont pas du tout performant. Le gouvernement Koizumi ( Premier ministre de 2001 à 2006 classé comme « néo-libéral » NDLR) a mené une politique qui résumait à augmenter les recettes ( relever les cotisations sociales, réduire les remboursements et les prestations NDLR), tout en privatisant. Le résultat est désastreux. En particulier dans la santé. Notre système de santé publique s’est effondré, comme celui du Royaume-Uni à l’époque de Margaret Thatcher. La vision économique du Premier ministre Junichiro Koizumi se limitait à renforcer la compétitivité internationale de l’industrie exportatrice sans s’occuper de développer l’économie intérieure, les secteurs qui reposent sur la demande, c’est-à-dire la consommation des ménages. Ce soutien aux grandes entreprises s’explique par les liens privilégiés que ces entreprises entretiennent avec le gouvernement.



Il y a plus de trente ans que ce déséquilibre dans la structure économique du Japon, entre quelques secteurs ultra-compétitifs internationalement et d’autres sous développés concernant le marché intérieur a été souligné par le célèbre rapport dit Maékawa, du nom de l'économiste qui avait dirigé sa rédaction (il s'agissait d'un ancien gouverneur de la Banque du Japon NDLR). Si les gouvernements successifs avaient suivi les recommandations de ce rapport et orienté l’économie japonaise vers la demande de ses ménages et cessé de donner l’exclusivité aux exportations, nous n’aurions sans doute pas connu la « bulle », ni la « décennie perdue », l’Etat ne serait certainement endetté à ce niveau nous serions plus forts pour résister à la crise des « subprimes », et moi je ne serais pas dans l’opposition.



(propos receullis à Tokyo par Bruno Birolli)

http://crisevousavezditcrises.blogs.nouvelobs.com/archive/2009/04/30/il-est-imperatif-de-penser-tres-tot-a-l-apres-crise.html
Revenir en haut Aller en bas
 
la crise au japon
Revenir en haut 
Page 1 sur 1
 Sujets similaires
-
» la crise au japon
» un reportage edifiant sur la crise au japon
» la crise financiere
» mai 68 au japon

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Association Connaissance du Japon :: Manga et animation :: Manga et animation-
Sauter vers:  
Ne ratez plus aucun deal !
Abonnez-vous pour recevoir par notification une sélection des meilleurs deals chaque jour.
IgnorerAutoriser